Deux forces sont à la manoeuvre dans l'évolution des plateformes LMS. La première pousse à toujours plus d'intégration de la formation avec les processus RH, la seconde privilégie l'engagement des collaborateurs internes et externes de l'entreprise en promouvant les usages qu'ils plébiscitent… Gagnant ?
Les plateformes LMS ont considérablement évolué depuis 5 ans, sous une double influence.
L'intégration progressive de la formation et des processus RH
La première influence, c'est celle de l’intégration progressive de la formation avec les autres domaines RH : onboarding, performance, mobilité et carrières, compensation… sans oublier le recrutement, puisque les entreprises cherche à présent à conforter leur relation avec les "talents" avant qu’ils entrent effectivement en fonction, et après qu’ils en soient sortis. On sait que cette évolution a créé le marché des plateformes unifiées de gestion de la formation et des talents (TMS, Talent Management Systems), destinées à remplacer les pesants SIRH encore en vigueur dans la plupart des grandes entreprise. Dans ces nouvelles plateformes "talent oriented", ce sont les collaborateurs et les managers qui saisissent toujours plus fréquemment leurs informations, sous l’oeil souvent bienveillant et la gouvernance des équipes RH (et de la DSI qui n'est jamais bien loin). Ce marché mondial qui pèse plusieurs dizaines de milliards de dollars reste largement éclaté, même si quelques leaders (principalement américains) ont émergé.
Pas d'engagement apprenant sans "UX" digne de ce nom
Encore récente une autre évolution s'est fait jour au nom de l’expérience utilisateur (UX pour User eXperience), c’est-à-dire sous la pression des nouveaux usages. Le portail de formation nouvelle manière tente d’offrir aux utilisateurs (les apprenants et les managers bien sûr, mais aussi les formateurs et les administrateurs) les mêmes agréments qu’ils trouvent dans leur usage privé ou professionnel d’un smartphone, d’une tablette, et des sites Web consultés depuis leur ordinateur, car l’ergonomie de ceux-ci progressent sans cesse pour coller au plus près des attentes (parfois soumises aux modes) des utilisateurs.
Deux évolutions qui doivent converger
Force est de constater que les solutions existantes peinent à concilier ces deux évolutions. Les plateformes fondées sur le service des usages et la qualité de l'UX peinent à se doter de la puissance fonctionnelle (moteur) qui existe sur les principaux LMS du marché. À l'inverse ceux-ci ont encore bien des progrès à faire s'ils veulent continuer de séduire les utilisateurs, et d'abord les responsables formation.
Mais le rapprochement est en cours. Les TMS ont commencé de prendre en compte les nouvelles exigences du design utilisateur, comme on peut le constater dans les récentes annonces de Cornerstone, Talentsoft voire SkillSoft (parmi d'autres). A l'instar de MOS Chorus (MOS-MindOnSite), WBT Manager (Xperteam) ou, plus récemment, de Upility (Callimedia), les plateformes LMS, dont le périmètre est réduit à la formation, ont entrepris une refonte de leur interface qui les rend plus "désirables" par les utilisateurs.
Verra-t-on à l'inverse les "Learning Experience Platform" (celles qui donnent la préférence aux usages et à l'UX) se doter d'un puissant moteur LMS ? C'est moins certain. En particulier parce qu'elles ont un retard important à rattraper dans ce domaine hautement sensible pour les services formation-RH ; peut-être aussi parce que leur ADN ne s'y prête pas.
Une autre piste, c'est celle de rapprochements qui pourraient intervenir rapidement : certains grands acteurs du TMS disposent d'un cash suffisant pour payer l'acquisition d'une Learning Experience Platform au prix fort.
Michel Diaz
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